Le fort Boyard est une fortification située sur un haut fond formé d'un banc de sable à l'origine, appelé la « longe de Boyard » qui se découvre à marée basse et est situé dans le Pertuis d'Antioche entre l'île d'Aix au nord-est, l'île d'Oléron au sud-ouest, l'île Madame au sud-est et l'île de Ré au nord, appartenant à l'archipel charentais et rattachée au cadastre de la commune de l'Île-d'Aix4, dans le département de la Charente-Maritime.
Si la construction d'un dispositif défensif sur la « longe de Boyard » est envisagée dès le xviie siècle, le projet n'est concrétisé que dans le courant du xixe siècle. Édifié afin de protéger la rade, l'embouchure de la Charente, le port et surtout le grand arsenal de Rochefort des assauts de la marine anglaise, il est transformé en prison quelques années à peine après son achèvement. Surnommé « fort de l'inutile » par la population locale lors de sa longue période d'abandon1,2,3, l'édifice est, dorénavant, essentiellement connu dans le monde entier pour le jeu télévisé du même nom, tourné sur place depuis 1990.
Le fort Boyard fait partie intégrante de l'Arsenal maritime de Rochefort qui s'étend tout au long de l'estuaire de la Charente. Il est la propriété du conseil départemental de la Charente-Maritime depuis 19895.
Il fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 1er février 19506.
Le Fort en Chiffres[]
Dates clés[]
- Idée : 1667
- Avant-projets : 1763, 1801
- Projets : 1802, 1841
Construction[]
- Enrochement : 1803 à 1809
- Assise : 1842 à 1848
- Fort : 1849 à 1858
- Brise-lames et port : 1860 à 1866
- Durée cumulée : 30 ans
Volumes clés[]
- Enrochement (rochers) : 40 000 m3 prélevés sur la pointe nord-est de l'Ile d'Aix
- Assise (blocs artificiels) : 30 000 m3
- Fort (pierres de taille) : 80 000 m3 venant des carrières de Crazannes
- Brise-lames et port : 10 000 m3
- Total : 160 000 m3
Coûts[]
- Enrochement : 3 500 000 Francs
- Assise : 2 900 000 F
- Fort : 1 000 000 F
- Brise-lames et port : 1 200 000 F
- Total : 8 600 000 F
- Prix de vente en 1962 : 35 000 NF
- Prix de vente en 1979 : 1 200 000 NF
Dimensions extérieures[]
- Longueur : 68 m
- Largeur : 31 m
- Hauteur : 20 m
- Surface au sol : 2 065 m2
Dimensions de la cour intérieure[]
- Longueur : 43 m
- Largeur : 12 m
- Surface : 565 m2
Aménagements[]
- Sous-sol : 13 soutes
- Citernes : 300 000 l
- Trois niveaux : 66 pièces
- Surface aménagée : 4 000 m2
Situation[]
- Latitude : N 46° 0' 2
- Longitude : W 1° 12' 46
- Coordonnées de Lambert : x=352,075
- y=2 117,25
- Orientation du grand axe : 27. 5°
- Cadastre : île d'Aix 198 section A
- Distance de l'île d'Aix : 2 800 m
- Distance de l'île d'Oléron : 2 400 m
Le Passé[]
Premier projet[]
Dès la fin de la construction de l'arsenal (1666), la nécessité d'une protection est évoquée : on envisage la longe de Boyard comme base pour la construction mais, après les différents relevés, Vauban dit à Louis XIV, en ironisant : « Sire, il serait plus facile de saisir la Lune avec les dents que de tenter en cet endroit pareille besogne. » Ce projet n'ira pas plus loin.
Premier chantier[]
En 1801, profitant d'une courte trêve dans la guerre qui oppose la France à l'Angleterre depuis 9 ans déjà, Bonaparte, 1er consul, approuve un nouveau projet qui ambitionne l'édification d'un fort de 80 mètres sur 40.
Les travaux commencent dès 1803, avec la construction d'un camp de base sur l'île d'Oléron : le futur village de Boyardville.
Napoléon, sur place en août 1808, révise le projet à la baisse - le projet est réduit à une dimension de 40 mètres par 20 - et les travaux reprennent en 1809. Le 1er avril, une frégate anglaise qui mitraille les ouvriers s'aperçoit que le fort n'est pas défendu. S'ensuit alors la désastreuse bataille des « brûlots », du 11 au 15, au Sud de l'île d'Aix et l'estuaire de La Charente (fleuve), conduisant à la suspension des travaux sur la longe de Boyard
Relance[]
Il faut attendre le règne de Louis-Philippe et le regain des tensions entre Français et Britanniques pour que le projet reprenne : en 1841, celui-ci est redéfini et de nouveaux crédits sont débloqués.
- 1852 : la construction du rez-de-chaussée s'achève (cote niveau + 3,50 m) : citernes, magasins à poudre et à vivres, cuisines ;
- 1854 : fin de la construction du premier étage (cote niveau + 8,80 m) : logements d'officiers et employés, etc ;
- 1857 : la construction du fort s'achève avec le second étage (cote niveau + 13,90 m) : idem + commandant, officiers, infirmerie, et terrasse avec son couronnement (cote niveau + 19,00 m) et enfin la tour de vigie (+ 27,00 m) au-dessus des plus hautes eaux.
Les premiers canons sont mis en place en 1859.
Modifications[]
Le havre d'abordage et l'éperon brise-lames (1859 - 1866) ont était rajouter car le grand escalier n'était pas bien accessible lors des marée basses.
Utilisations[]
Le fort peut alors accueillir deux-cent-cinquante hommes durant deux mois sans contact avec le continent. Mais, entre les premiers projets et l'achèvement de la construction, la portée des canons a augmenté et l'utilité du fort s'en trouve limitée. Il reste tout de même une construction importante sur la mer, au même titre que certains phares. Son utilisation militaire n'est jamais celle qu'elle aurait dû être. Il devient alors la cible des pillards et plus personne ne sait quoi en faire. Il sert de prison pour des soldats prussiens de la Guerre franco-prussienne de 1870, puis pour les prisonniers politiques de la Commune, parmi lesquels Henri Rochefort et Paschal Grousset.
Quelque temps plus tard, du fait de son inutilité, un projet voit le jour qui propose de raser le fort entièrement, ne laissant que la base en granite, pour installer deux grandes tourelles automatiques, se levant et s'abaissant sur elles-mêmes ; cependant, ce n'est pas mis en exécution à cause des opposants à celui-ci.
Finalement, en 1913, l'armée s'en sépare et les canons sont revendus à des ferrailleurs. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sert de cible d'entraînement aux Allemands.
Depuis le 1er février 1950, le fort Boyard est inscrit au titre des Monuments historiques par le Ministère de la Culture. De ce fait, l'accord de l'architecte des bâtiments de France est désormais nécessaire avant toute modification de l'état des lieux.
Observatoire des marées[]
Le fort fut aussi le premier endroit qui servit à observée les marées jusqu'en 1919.
Abandon[]
Le fort devient vite le repaire des animaux et des plantes qui ont beaucoup dégradée la structure du fort.
En 1958, le fort se trouve à l'épicentre du tremblement de terre du 20 juillet qui fait des dégâts sur tout le littoral. Les fissures du fort n'ont pas bougé comparativement aux anciens relevés. Finalement, le ministère des Armées décide de son aliénation et il est remis aux Domaines le 4 octobre 1961.
Le 28 mai 1962, le fort est donc mis en vente aux enchères au prix de 7 500 francs. L'enchère est remportée pour 28 000 francs par André Aerts, chirurgien dentiste et restaurateur à Avoriaz, qui semble s'être acheté le fort comme on s'offre un tableau. En effet, personne, à commencer par lui, ne sait vraiment ce qu'il compte en faire, l'acquéreur n'ayant pas les moyens de l'entretenir, encore moins de le restaurer.
Plus tard, attristé par les dégâts causés entre autres par les pillards, il ne revient plus dans le fort, se contentant d'en faire le tour en bateau quand il vient dans la région. Il revend ce fort en novembre 1988, pour 1,5 million de francs, à la société de production de jeux télévisés de Jacques Antoine qui le revend aussitôt au conseil général de la Charente-Maritime pour un franc symbolique. En échange, le département s’engage à effectuer les travaux de réhabilitation et assure l’exclusivité de l’exploitation du lieu à JAC (Jacques Antoine et Cie, troisième producteur de jeux télévisés de l'époque). Dès lors, le lieu devient le cadre d'une émission télévisée.
La Chasse au trésor[]
Le fort Boyard a été utilisé à deux reprises dans La Chasse au trésor (devenue par la suite La Chasse aux trésors, au pluriel) : lors du pilote de l'émission puis lors d'une version diffusée sur Antenne 2.
Depuis 1990[]
En 1990, l'édifice, fraîchement racheté et réhabilité, devient le lieu de tournage de l'émission Les clés de Fort Boyard, rebaptisée Fort Boyard dès l'année suivante.
Dans ce jeu télévisé, créé par Jacques Antoine, Jean-Pierre Mitrecey et Pierre Launay et produit par Adventure Line Productions, une équipe de candidats, entourée de personnages plus ou moins étranges, doit surmonter un certain nombre d'épreuves physiques et intellectuelles (faisant appel à l'agilité, la rapidité, l'endurance, la force, la mémoire ou la logique) ainsi que surmonter leurs peurs, afin de pouvoir récolter les clés donnant accès à la Salle du trésor de la forteresse et deviner le mot-code du jour grâce à des cartouches-indices pour s'emparer des pièces d'or appelées boyards, en un temps limité, et les déverser dans un chaudron qui sera ensuite pesé.
Entre 1990 et 1992, ainsi qu'en 2010, les candidats sont uniquement des candidats anonymes ; ils sont remplacés par la suite par des célébrités. De plus, depuis 1993 et à l'exception de l'année 2010, les fonds récoltés sont destinés à des associations caritatives.
L'émission est diffusée chaque été le samedi soir, depuis le 7 juillet 1990, d'abord sur Antenne 2, puis sur France 2 à partir de 1992, mais, également, dans près de 70 pays à travers le monde (Canada, Royaume-Uni, Allemagne, États-Unis, Israël, etc.), contribuant ainsi à faire connaître le fort à un niveau international et permettant des retombées économiques dans le département via le tourisme ; une partie de ces retombées permettent alors d'entretenir le bâtiment chaque année et d'effectuer des travaux quand cela est nécessaire.
Apparitions[]
Films[]
Le Repos du Guerrier[]
Selon certaines sources officielles, bien que le montage final ne permette pas de le confirmer, le fort serait présent dans le film Le Repos du guerrier (1962) réalisé par Roger Vadim, avec Brigitte Bardot et Robert Hossein. Il est rapporté qu'une scène furtive montrerait l'actrice prenant un bain de soleil sur l'une des plates-formes d'artillerie de la terrasse.
Les Aventuriers[]
Le fort Boyard apparaît dans le dernier tiers du film Les Aventuriers (1967) de Robert Enrico, avec Alain Delon et Lino Ventura. La forteresse est d'abord mentionnée par le personnage de Lætitia, qui rêve de l'acquérir, grâce au trésor que les protagonistes sont en passe de trouver au Congo, pour y vivre et y travailler, avant de trouver la mort lors de ce voyage. L'édifice est ensuite visible sur une carte postale, où les personnages principaux, Manu et Roland, apprennent que la jeune femme et sa famille juive y vivaient à l'abri des nazis durant l'Occupation.
- Note : C'est ce film qui que Jacques Antoine, concepteur du jeu découvre pour la première fois la Fort.
Liberté-Oléron[]
Désormais connu grâce à la télévision, la forteresse est visible dans Liberté-Oléron (2001), réalisé par Bruno Podalydès, avec Denis Podalydès et Guilaine Londez. Le film racontant l'histoire d'un père de famille, passant habituellement ses vacances sur l'île d'Oléron, et désirant cette fois naviguer à bord d'un voilier, la bâtisse est d'abord visible lors des prises de vue sur la plage ou en mer. Enfin, lors de la traversée pour rejoindre l'île d'Aix, le bateau passe devant le fort qui est alors filmé de près. À noter qu'il est également mentionné dans une conversation en fin de film.
Musique[]
Passe-Partout de son vrai nom André Bouchet en 2006 va sortir une chanson Je suis Passe-Partout de fort Boyard dans laquelle il raconte sa vie fictive dans la forteresse. (voir dans les vidéos)
Littératures[]
- Dans une série de nouvelles intitulées Les 13 Énigmes, publiées dans le magazine Détective, en 1929, et qui servirent de source d'inspiration pour la création du personnage du commissaire Maigret dont Georges Simenon situe l'action d'une des enquêtes sur le fort : Le Secret du fort Bayard. Bien que le nom soit déformé de Boyard en Bayard, tout laisse à penser que c'est du même monument que l'on parle.
- Dan Mitrecey a écrit dix livres de jeunesse (parus aux éditions Fleurus) sur les aventures de jeunes en visite à Fort Boyard.
- Monique Jambut, Les Amants du fort Boyard. Historique d'un vaisseau de pierre, Paris, éditions France Océane, 1994, 294 p. (ISBN 2-9035-0467-9)
roman historique.
- Alain Surget (ill. Jean-Louis Serrano), Les Disparus du fort Boyard, éditions Rageot-Hatier, 30 mai 1995 (ISBN 2-7002-3318-2) livre destiné à la jeunesse dont l'action se déroule dans le fort.
- Madelaine Tiollais, Les enfants du fort Boyard, éditions Bellier, 2005 (ISBN 2-8463-1137-4)
roman historique.
Jeux[]
Il existent pleins de jeux vidéos en produits dérivés ainsi qu'un jeu de plateau.
Notes[]
- l'escalier iconique de l'intérieur a était conservé grâce au guano des mouettes.
- La vigie a était rénové.